La dépendance affective est l’un des maux du siècle. Un mal qui touche de nombreux français et qu’il est malheureusement assez difficile de déceler, et encore plus de soigner. Difficultés à gérer ses émotions, relation toxique avec son partenaire, sensation d’abandon fréquent… tous ces symptômes peuvent indiquer que vous êtes dépendant affectif. Mais surtout, révèlent un mal-être plus profond qui peut vous empêcher de vous épanouir au sein de votre couple, et dans toutes vos relations sociales.
C’est pour toutes ces raisons qu’il est essentiel de se sortir de la dépendance, avant qu’elle ne se transforme en dépression affective. Vous risquez également d’étouffer votre entourage, et de vous isoler sans le vouloir. Dans cet article, nous revenons sur les causes de la dépendance affective et les signes qui ne trompent pas. Mais surtout, je vous partage des solutions concrètes et faciles à mettre en place pour vous en sortir, et retrouver des relations plus saines et épanouissantes.
Sommaire
Qu’est-ce que la dépendance affective ?
Comme toutes les formes de dépendance, la dépendance affective consiste à avoir un besoin très fort, voir pathologique. Dans ce cas, ce n’est pas celui de consommer des substances psychotropes (comme la dépendance à l’alcool ou aux drogues) ou de vous rendre à la salle de sport plusieurs fois par jour (comme la dépendance à l’exercice physique). Mais le besoin de ressentir l’amour (de son partenaire, de ses proches) et d’en avoir des preuves régulièrement, voir constamment.
Sur le plan psychologique, la dépendance provient le plus souvent d’un manque que l’on cherche à combler. Ce n’est pas toujours un manque d’amour, mais une absence que l’on cherche à combler en ayant recours à quelque chose d’externe. Dans ce cas particulier, il s’agira de votre partenaire.
Ce mal, qui peut toucher aussi bien les hommes que les femmes, se traduit par un besoin d’être rassuré sur l’amour que l’on nous porte. On va donc demander régulièrement à notre partenaire de nous dire qu’il nous aime, mais aussi de nous le prouver.
La dépendance affective se matérialise également par le besoin d’être en fusion avec son partenaire. Et de chercher sa compagnie de manière excessive, jusqu’à l’étouffer. On peut aussi faire preuve de jalousie maladive, en prétextant qu’il s’agit d’une marque d’amour ou que le problème vient de son conjoint qui est trop distant.
Quand ressentons-nous de la dépendance affective ?
Il n’y a pas d’âge pour souffrir de dépendance affective. Cela peut se manifester dans nos premières relations, car lorsque l’on est plus jeunes, nos émotions sont souvent plus fortes car c’est la première fois que l’on ressent l’amour d’une autre personne que nos parents. Cette sensation, si elle peut être très agréable, et aussi déstabilisante à une période où l’on se construit (notamment lorsque l’on est adolescent).
Notre jeunesse peut aussi nous empêcher de prendre conscience de notre dépendance affective. Elle risque cependant de nous sauter aux yeux au moment de la rupture : qui va créer une sensation de manque qui découle de la dépendance.
Mais en réalité, ce manque peut se manifester à tout âge. Après une rupture, nous sommes généralement tous plus sensibles. Et on peut avoir la sensation de ne pas pouvoir vivre sans son ex, d’être complètement perdu sans lui. Au contraire d’une personne qui n’est pas dépendante affectivement et qui ressentira certes de la tristesse, mais n’insistera pas pour reconquérir son ex partenaire. Et réalisera qu’elle peut certainement trouver quelqu’un qui lui correspond plus.
La dépendance affective étant une forme de drogue, on en oublie complètement les raisons de la séparation. Ou le simple fait qu’aimer une personne, c’est aussi vouloir son bonheur. Ce qui devrait logiquement nous aider à laisser notre ex continuer sa vie sans chercher à se l’accaparer, de manière égoïste (et non pas par amour).
LE simple fait de ressentir un manque, ou même juste d’avoir peur de manquer d’amour va complètement fausser notre jugement. Et nous pousser à avoir un comportement irrationnel.
Comment savoir si on est un dépendant affectif ?
Personne n’est insensible. Et il est normal qu’après une rupture, surtout si la relation a été intense et longue, on ressente de la tristesse. Mais surtout, que la présence de l’autre nous manque, et que l’on ait peur de ne pas retrouver une personne qui nous comprenne, nous aime ou nous complète comme elle a pu le faire.
Dans de nombreuses situations, et à un certain degré, cette sensation de manque n’aura donc absolument rien d’anormal. Cependant, certains signes permettent de considérer que votre état est plus profond car vous étiez (et êtes toujours) dans une dépendance affective.
- Vous avez du mal à prendre des décisions, sans vous faire conseiller ou qu’elle soit validée par une tierce personne ;
- vous comptez toujours sur les autres (votre partenaire, vos proches) pour assumer les responsabilités les plus importantes dans votre vie (vos revenus, vos démarches administratives, votre santé) ;
- mais aussi : vous ressentez de la crainte et vous évitez de ne pas être d’accord avec votre interlocuteur (par peur du conflit, du rejet…) ;
- vous avez du mal à vous lancer dans un projet (quelle que soit sa taille ou son importance) ou de faire les choses par vous même ;
- vous êtes tendu lorsque vous êtes seul, ou à la simple pensée de la solitude ;
- ou encore : vous vous sentez toujours responsable lorsque quelque chose ne va pas (dans votre couple, au travail) ;
- vous vous sentez obligé de satisfaire les besoins des autres, et d’accéder à leurs demande ;
- vous êtes incapable de poser et défendre vos propres limites.
Si vous vous reconnaissez dans au moins 4 de ces signes, c’est que vous êtes dépendant affectivement. Vous aurez donc des difficultés à vous autonomiser, et à vous séparer de vos proches. Nous verrons par la suite comment s’en sortir, mais le simple fait de reconnaître cette vulnérabilité vous permettra de faire un premier pas vers la guérison, en commençant par changer votre comportement.
Quelles sont les causes de la dépendance affective ?
Maintenant que vous savez ce qu’est la dépendance affective, vous vous demandez certainement : pourquoi moi ? Est-ce que j’ai vécu quelque chose dans mon enfance, ou dans mes précédentes relations qui me rend si vulnérable et si dépendant des autres.
Avant de commencer, il faut savoir que la dépendance affective n’est pas une maladie. C’est tout simplement un mécanisme de défense qui nous permet de combler des besoins (que l’on ignore parfois), même si ce n’est pas la méthode appropriée.
Nous sommes des êtres sociaux, avec des besoins physiques certes (comme manger, boire ou dormir). Mais surtout avec des besoins affectifs qui se manifestent dès notre plus jeune âge. Nous avons besoins de l’affection d nos proches, et surtout de leur reconnaissance pour développer notre égo et notre confiance en nous.
Or, le fait d’avoir manqué de cet amour et de cette reconnaissance (que cela soit de la part de nos parents, ou de nos pairs) peut créer un déficit affectif qui risque de nous suivre tout au long de notre vie d’adulte. Nous aurons donc les mêmes besoins que n’importe qui, mais plus de difficultés à les combler.
L’intensité de ce besoin d’affection varie selon la situation dans laquelle nous nous trouvons, mais aussi notre épanouissement personnel. On peut donc développer une dépendance affective encore plus forte envers son conjoint car on ne se sent pas assez valorisé dans le cadre de notre travail. Ou après la rupture de liens avec les membres de sa famille.
Peut-on vraiment aimer si on ne s’aime pas soi-même ?
La dépendance affective va poser problème parce que l’on va avoir tendance à s’oublier dans nos relations. Et à se jeter à corps perdus dans toute nouvelle histoire d’amour, en répétant continuellement le même schéma sans jamais obtenir une satisfaction entière et durable.
Cela s’explique par le lien extrêmement fort qui existe entre dépendance affective et estime de soi. Le fait de se plonger dans nos relations avec les autres dénote une envie de s’éviter soi-même. On va demander aux autres de combler ce manque que l’on a en nous, un manque affectif que l’on arrive pas à satisfaire par nous-même.
L’autre (comme nos amis, conjoint, parent) va donc devenir le dépositaire de la satisfaction de nos besoins. Une responsabilité énorme à faire peser sur ses épaules, puisqu’il doit lui aussi satisfaire ses propres besoins. Or, lorsque l’on est dépendant affectif, nous n’avons pas conscience de cet état. Nos angoisses et notre recherche effrénée de l’amour nous font complètement perdre de vue les besoins de l’autre, les nôtres passant obligatoirement avant les siens.
C’est donc une situation paradoxale car on va mettre en place une stratégie pour lui plaire à tout prix. Et pour cela, on va pourtant se rabaisser et se refuser l’amour que nous devrions nous porter à nous-même. Mais comment être aimé quand on ne s’aime pas ? Etre respecter quand on ne s’estime pas ?
Les dépendants affectifs vont donc avoir un comportement repoussoir qui risque de faire fuir l’autre. Et donc entrainer une rupture qui va raviver leur manque, leurs insécurités, et renforcer encore plus leur dépendance affective. C’est un cercle vicieux qui explique qu’il soit si difficile de réaliser d’où vient le problème, et surtout de s’en sortir.
Comment se sortir de la dépendance affective : reconnaître que l’on a un problème
La première chose à faire pour ne plus être dépendant affectivement est de prendre conscience du manque dont on souffre. Et surtout, de réaliser que l’on ne peut attendre de personne d’autre que nous même la réalisation de nos besoins affectifs. Car cela nous met immédiatement dans la position de risquer d’être déçu, quitté et donc seul face à nous-même.
Une fois que vous aurez reconnu souffrir de dépendance affective (car cela se traduit littéralement par une souffrance profonde), vous serez mieux à même d’en discuter calmement avec votre partenaire/vos proches. Mais surtout de commencer à changer de comportement. Bien sûr, il n’est pas simple de revenir sur des schémas et des habitudes que l’on peut avoir depuis des années et des années.
Et même si on est conscient d’avoir un problème, on peut résister au changement, par peur de l’inconnu. Ou par manque de courage, de volonté, à dépasser cette situation. C’est d’ailleurs pour cela qu’il est recommandé de suivre un accompagnement thérapeutique afin de vous guider dans cette transformation, en fonction de votre niveau de dépendance affective.
Se débarrasser de ses croyances
Pour sortir de la dépendance affective, il faut aussi démonter ses croyances. Car que ce soit notre personnalité, ou notre rapport aux autres, tout notre monde est fondé sur elles. Les dépendants affectifs souffrent eux de croyances limitantes. Comme : « Je ne mérite pas son amour », « Mes besoins sont moins importants que ceux des autres », ou encore « Je dois absolument être irréprochable si je veux qu’il m’aime ».
Cet ensemble de croyance vous empêche de vivre des relations saines et épanouissantes. Et vous devez absolument vous en débarrasser, peu importe le temps que cela prendra. C’est en effet une étape indispensable pour ne plus souffrir de dépendance affective. Et sortir de cette prison qui empoisonne votre vie et celle de vos proches.
Généralement, on est dépendant parce qu’on se sent incapable d’être heureux seul… Alors que tout cela se passe dans votre tête. Vous allez donc devoir vous confronter à votre solitude, et réaffirmer votre valeur pour aller de l’avant.
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Arriver à combler soi-même ses besoins
Comme nous venons de le voir, la prochaine étape est de vous reconnecter avec vous-même. Et de trouver les ressources qui vous permettront de combler seul vos besoins. Vous devez donc commencer par écouter ce dont vous avez besoin, et accepter ces pensées sans les renier comme vous le faisiez auparavant.
Mais aussi chercher en vous-même cet amour que vous avez tant besoin que les autres vous montre. Vous devez apprendre à vous respecter, et à accepter votre personnalité, qui vous êtes… L’amour que l’on porte aux autres, mais aussi à nous-même nous permet d’être plus indulgent, bienveillant avec cette personne.
S’aimer, c’est donc vouloir son bien, mais aussi accepter ses failles, ses petits défauts, ainsi que ses erreurs (qui sont humaines). Mais concrètement, on procède comment ?
Vous pouvez par exemple tenir un journal intime, qui vous permettra de vous reconnecter avec vous-même. Profitez de ce « safe space » pour écrire ce que vous ressentez, ce que vous vivez. Mais aussi pour mettre des mots et identifier les moments où vous êtes le plus vulnérable, et où la sensation de manque est la plus forte.
Ne vous concentrez pas uniquement sur le négatif. Votre journal de bord doit aussi être un outil pour mettre en avant ce qui va bien dans votre vie, ce que vous aimez chez vous. Et pour identifier les moments où vous vous sentez en paix, et des moyens pour faire en sorte qu’ils soient plus nombreux.
Faire du ménage dans sa vie
Pour sortir de la dépendance affective, et se reconnecter avec soi-même, il faut aussi se débarrasser de tout ce qui nous empêche de nous aimer, et d’aller de l’avant. On a déjà parlé des croyances limitantes, mais certaines personnes sont aussi toxique et peuvent nous empêcher de nous épanouir. Si un parent est la raison pour laquelle vous souffrez de dépendance affective (parce qu’il vous rabaisse ou refuse de vous donner l’amour dont vous avez besoin), il est préférable de couper les ponts.
Mais ce grand ménage peut aussi être plus littéral. Vous pouvez vider votre appartement des mauvais souvenirs, ou des objets qui vous retiennent dans une vision négative de vous-même (vêtements, livres, photos, etc.).
Pour commencer ce grand ménage, vous pouvez faire une liste de toutes les choses qui vous tracassent avant de les sortir de votre vie, et de votre esprit. Servez-vous pour cela de votre journal de bord.
La méditation
La méditation peut également être un moyen efficace de vous reconnecter avec vous-même et de vous recentrer sur ce qui est vraiment important pour vous. Si vous êtes novice en la matière, vous pouvez vous aider d’une application.
Les premiers réflexes à adopter
Pour résumer, sortir de la dépendance affective passe donc par un travail intérieur d’acceptation et d’amour de soi. Pour vous aider dans ce processus, voici quelques bons réflexes à adopter :
- prendre tous les jours des initiatives sans demander l’aide de son partenaire ou de ses proches ;
- réfléchir avant d’accorder son temps ou ses moyens financiers aux autres (en commençant par déterminer si nous n’en avons pas d’abord besoin pour nous) ;
- faire la liste de ses accomplissements, de ce que l’on a réalisé sans l’aide de personne ;
- passer des journées durant lesquelles on se concentre uniquement sur soi, sur ce que l’on aime faire ;
- ne pas donner son affection dans le but d’en recevoir en retour, mais exprimer ce que l’on ressent vraiment ;
- ne pas anticiper le besoin des autres, et attendre qu’ils le formulent par eux-mêmes ;
- éviter de harceler son partenaire ou ses proches
- savourer ses petites et grandes victoires sur la dépendance affective. Et accepter que le processus soit long pour y parvenir.
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